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Rendre la gestion d'actifs durable grâce au digital

Interview de Paul BEZAULT pour BFM Business par Nicolas DOZE

émission JM Leco 21/10/2021





Quels sont les défis des sociétés de gestion relatifs aux enjeux ESG ?


C’est toute une nouvelle dynamique à adopter. Les sociétés de gestion doivent conserver les priorités antérieures (la performance), mais aussi intégrer l’extra-financier (un domaine toujours en cours de définition) tout au long de leur chaîne de valeur, de la décision d’investissement au reporting client.



Ce changement implique deux défis majeurs.


Le premier réside dans l’accroissement de sources de données hétérogènes et protéiformes. Dans le cadre de l’extra-financier, les sociétés doivent s’assurer que les informations relatives aux entreprises correspondent bien aux critères et valeurs définis par les investisseurs. Survient alors le second défi, c’est-à-dire le passage d’un mode artisanal d’exploitation de la donnée à un mode industriel. Le digital et les nouvelles technologies sont essentiels pour gérer une telle volumétrie de données complexes en des temps raisonnables.



Et les principales difficultés dans ce cadre extra-financier ?


L’explosion du marché des ETF (à frais réduits) dessine de nouveaux standards en termes de frais, ce qui écrase les marges des sociétés de gestion. En parallèle, l’Asset Manager doit affronter une charge et une pression réglementaire en constante augmentation. Enfin, il se doit de satisfaire les demandes croissantes des particuliers et institutionnels en matière d’engagement et de transparence. La finance est appelée à devenir un pilier de la durabilité environnementale, sociale et de gouvernance.



Comment aidez-vous les sociétés de gestion d’actifs ?


Grâce à AssetSagcity, elles font leurs premiers pas digitaux. La data science et l’intelligence artificielle, entre autres, aident l’Asset Manager à remplir son nouveau rôle. Nos technologies et nos méthodes ont déjà été éprouvées dans d’autres secteurs d’activité, pour gérer de grands volumes de données protéiformes. Nous mettons à profit notre expérience dans la prise en compte de l’extra-financier au cœur des politiques d’investissement, et tout au long de la chaîne de valeur. Enfin, notre agilité et notre flexibilité nous permettent d’accompagner la démarche de nos clients sur le long terme.


Pouvez-vous détailler le fonctionnement d’Asset Sagacity ?

Chaque client dispose de sa propre plateforme pour une totale isolation de leurs données, que nous centralisons, sécurisons et orchestrons au travers de différents modules :


  • Data Acquisition : les données des différents ESG Data Providers sont délivrées à des fréquences et des formats, qui leur sont propres. Le datalake conserve l’ensemble des données brutes reçues ;


  • Data Structuration : nous avons développé nos propres mécaniques de Data Transformation, qui nous permettent de nettoyer et structurer les données reçues ;


  • Smart Data Management : le datalake centralise donc des données structurées et non structurées, qu’il est capable de traiter de façon transparente pour les utilisateurs. À cet étage, nous contrôlons la qualité et la cohérence des données ;


  • Data Analytics & DataViz : les données sont traitées selon la vision et les besoins du client. Nous calculons des scores personnalisés, générons des exclusions... L’ensemble des points de données sont accessibles et visualisables dans des interfaces dédiées, afin de répondre aux visions des différents services ;


  • Data Orchestration : les données peuvent ensuite être diffusées dans les différents outils métiers du système d’information du client (risk management, décision d’investissement, recherche, reporting client…).



Comment envisagez-vous l’avenir de votre secteur ?


L’Asset Management requiert aujourd’hui énormément de données. La combinaison de technologies et d’intelligence humaine est donc essentielle. Or, la gestion d’actifs est en retrait en termes d’adoption d’innovations, perçues comme une simple automatisation de tâches manuelles. Mais l’enjeu est bien plus grand ! Au-delà d’accomplir davantage de tâches plus vite, les technologies modernes permettent de réaliser des analyses trop complexes pour un humain sur des volumes de données inconcevables.

L’impossible devient possible !


L’humain se concentre alors sur des tâches à plus forte valeur ajoutée et prend des décisions éclairées, en se basant sur des données plus nombreuses et plus fiables. Quant à la clientèle (retail et institutions), elle attend autre chose. Ces technologies pourraient apporter une proximité qui fait actuellement défaut, car peu présente ou concentrée sur les effets cosmétiques, sans s’attaquer au grand écart entre un travail fait en temps réel sur les marchés financiers, et une communication tardive avec les clients (souvent pauvre en données et obsolète en fin de mois).


L’avenir du secteur appartient aux Asset Managers qui auront appris à maîtriser leurs données, que ce soit pour prendre de meilleures décisions d’investissement, optimiser leurs modèles opérationnels, répondre aux exigences réglementaires ou même à celles de leurs clients. En mesure d’utiliser les dernières innovations (IA, RPA, etc.), ils ne subissent plus les pressions externes, mais deviennent proactifs en transmettant par exemple leurs visions en matière d’ESG et de transparence.



D’après vous, quelle est son évolution la plus importante ?


Il y a 15 ans, seuls les fonds ISR prenaient en compte l’extra-financier. Demain, tous les Asset Managers intégreront l’ESG dans leur politique d’investissement. Tout ceci est devenu possible par l’explosion du nombre de données disponibles sur les thématiques écologiques, puis sociétales. L’ESG est un domaine encore en phase d’exploration, car de nouvelles données peuvent être mesurées chaque jour. Gare toutefois au greenwashing ! Il s’agissait hier d’un domaine de spécialistes et de passionnés. En devenant mainstream, certains seront tentés de décorer leurs reportings de figure ESG pour conserver leurs parts de marché. Cela risquerait de décrédibiliser l’ensemble de la profession.



Qu’a mis en lumière la crise sanitaire ?


En rendant le travail à distance obligatoire, la crise sanitaire a accéléré l’adoption du Cloud par les sociétés de gestion d’actifs, auparavant très réticentes. La façon de travailler a changé. Quant à l’extra-financier, il y a maintenant une prise de conscience massive du besoin de rendre la finance durable. Avant l’apparition de la Covid-19, la grande majorité des Asset Managers concentraient leurs efforts sur le « E ». Depuis, le « S » de social est devenu incontournable, même si plus difficile à évaluer.



Un mot de la fin ?


Il n’est plus l’heure de se demander « Doit-on intégrer des préoccupations extra-financières dans les décisions d’investissement ? », mais bien « Comment le faire ? ». Une société de gestion doit développer sa vision et trouver des sources de données satisfaisantes. L’enjeu est ensuite de gérer toutes ces données de façon cohérente, sans les dénaturer. L’ambition d’AssetSagacity est de rendre cela possible. Lever les freins liés à la data, aux technologies, et permettre à la gestion d’actifs d’être moteur dans le développement d’une finance plus durable.


Pour l’heure, États, associations et groupes de travail développent des méthodes intéressantes, sans jamais faire consensus. La bonne approche est peut-être d’estimer qu’il n’y a pas de bonne méthode. Une matière aussi complexe que l’ESG pourrait ne jamais se résumer à quelques chiffres.


Notre rêve serait de voir les investisseurs s’appuyer sur des solutions telles qu’AssetSagacity pour ne plus se limiter et s’appuyer sur des milliers d’indicateurs afin d’acquérir une vision holistique réaliste de leurs investissements et leurs impacts.



Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO

Interview originale publié le 21/10/2021 disponible sur www.bfmtv.com

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